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De l’art pariétal au très haut débit

Pour cette troisième visite de terrain auprès de mes collègues président-e-s de départements, je me suis rendu en Ardèche.

Accueilli à Privas par Hervé SAULIGNAC et son équipe, j’ai pu découvrir un département innovant et engagé qui n’hésite pas à faire des choix risqués pour apporter un service public de qualité dans les moindres recoins de son territoire.

 L’Ardèche, c’est 320 000 habitants, 5500 km2, 3800 km de routes départementales et près de 2300 ponts ! Autant dire que créer du lien c’est une affaire ardéchoise.

C’est d’ailleurs le thème qui a fait office de fil rouge à cette visite chaleureuse. Hervé SAULIGNAC qui est également président du Syndicat Mixte Ardèche Drôme Numérique (ADN), a souhaité me présenter cette initiative unique menée par ces deux départements et la région Rhône-Alpes pour assurer une couverture numérique du territoire.

En 2004, ces trois collectivités se sont regroupées pour anticiper l’avenir et créer un syndicat mixte afin d’assurer le déploiement du Haut puis du Très Haut débit sur les deux territoires départementaux. 120 millions d’euros investis (9 millions pour chaque département, 18 pour la région et 73 pour ADTIM, concessionnaire du réseau haut et très haut débit de l’Ardèche et de la Drôme pour 25 ans) et 2300 km de fibres installés ont permis à 96 % de la population d’accéder au dégroupage total. Au-delà de l’internet domestique, cette initiative a bénéficié à 250 zones d’activités (3000 entreprises) et 500 sites publics (collèges, lycées, hôpitaux, etc.) permettant ainsi d’améliorer les services et de réduire fortement les inégalités territoriales. Enfin, en ouvrant le réseau à la concurrence, des opérateurs locaux ont pu candidater pour bon nombre de marchés. Ils sont désormais en charge de près de 70 % des contrats. Une véritable aubaine pour le développement local.

Réduire les inégalités territoriales en œuvrant pour le développement local, c’est aussi ce que le conseil départemental a réalisé en choisissant de réaliser l’un des premiers établissements scolaires à énergie positive construit en altitude, en France, à Saint-Cirgues-en-Montagne (1 100 m). En 2010, le Conseil général de l’Ardèche décidait de reconstruire le collège de la Montagne ardéchoise dans ce village de 251 habitants. La commune qui souhaitait la création d’une école publique sur son territoire a donc décidé de s’associer au Conseil général pour construire une « cité scolaire » qui regroupe école maternelle, école élémentaire, collège et internat. Ce bâtiment de 4 154,83 m2 sur 4 niveaux  a été principalement construit en ossature bois (épicéa de provenance régionale). L’isolation a quant à elle été réalisée à l’aide de blocs de paille de 36 cm d’épaisseur pour un coût total de 9 M€.
La force de ce bâtiment est qu'il a une consommation d’énergie très faible grâce à une architecture adaptée et des technologies durables comme des panneaux photovoltaïques sur le toit et un chauffage au bois. La facture annuelle de 3000 euros de bois est d’ailleurs compensée par la revente de l’électricité produite.
Edifié par des entreprises locales, ce projet d’investissement a permis d’impacter directement l’économie locale (la cité est aujourd’hui le premier employeur de la commune) tout en offrant aux enfants du territoire un bâtiment haut de gamme.

Des ponts vous disais-je… Pour continuer cette visite nous étions attendus à Vallon-Pont-D’arc, bien connu pour son pont naturel au-dessus de l’Ardèche. Pas de descente des gorges au programme mais une remontée dans le temps de 36 000 ans, au cœur de la Caverne du Pont d’Arc, reconstitution grandeur nature de la fameuse Grotte Chauvet.

Je ne m’épancherai pas sur la qualité de la reconstitution et l’émotion que l’on peut ressentir face à la beauté et la précision des fresques que recèle cette grotte. Je vous encourage fortement à aller la découvrir ! Il faut le voir !

Je tiens par contre à souligner le remarquable travail mené par le conseil général de l’Ardèche. Quand la grotte est découverte en 1994, les autorités prennent conscience de son importance et l'Etat ferme la grotte originale pour entamer un travail scientifique considérable.

En 2007, la Région Rhône-Alpes et le département de l’Ardèche créent un syndicat mixte afin de porter le projet de construction d'un espace de restitution de la grotte ornée du Pont d'Arc avec pour objectif de permettre aux visiteurs de découvrir les œuvres et de ressentir les mêmes émotions que dans l’original : La Caverne. Avec l’appui de l’Etat et de la région, le syndicat mixte en réalise une reproduction à l’échelle 1 (55 M€). Le site est désormais géré par un délégataire spécialisé dans la gestion de sites culturels et touristiques. Ouvert le 25 avril dernier, il a déjà atteint son objectif annuel de 400 000 visiteurs.

Enfin, pour terminer cette visite, encore un pont. Un pont entre l’art pariétal et le 7ème art tout en conservant une volonté de raconter son environnement. En cette fin de visite, je me suis donc rendu au village de Lussas, petit village d’un millier d’habitants, où est créée en 1979, l’association Ardèche Images. Celle-ci lance en août 1989 les états généraux du film documentaire, une manifestation qui réunit durant une semaine le public et les professionnels du secteur autour du film documentaire.

Après avoir réussi à créer un lien avec les habitants et obtenu le soutien de plusieurs instances dont le Conseil départemental de l’Ardèche, l’idée se développe. En 1994, la maison du documentaire naît. Centre de ressources spécialisé dans le film documentaire, elle recense plus de 38 000 titres, son Club du doc rassemble près de 17 000 films et est dépositaire du dépôt légal de la BNF.

Puis vient le temps, en 1997, des résidences d’écritures qui plus tard donneront naissance à l’école du documentaire. Celle-ci propose deux masters internationaux (en lien avec l’université de Grenoble) à la réalisation et à la production documentaire et organise des Rencontres professionnelles destinées à faciliter la mise en production de premières œuvres. Désireuse de transmettre cet amour du documentaire, l’association s’étend en Afrique et développe Africadoc, un programme de formations (Master de réalisation, résidences d'écriture) et organise le Louma, le rendez-vous annuel du documentaire de création africain.

Aujourd’hui ce sont près d’une dizaine d’entreprises de la création comme de la production qui ont élu domicile dans la commune. Un véritable village du documentaire qui grâce au très haut débit a lancé la création d’une chaîne du documentaire d’auteur en Vidéo à la demande : Tënk. Une population supplémentaire, de l’animation et surtout des retombées locales annuelles grâce au États généraux, voici ce qu’a permis cette aventure culturelle soutenue par le conseil départemental. Encore un pont entre le Département, la culture et le développement du territoire.